Anatomie et physiologie de l'oreille

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Préventions des accidents de l'oreille.

6/ Les barotraumatismes


Les barotraumatismes de l'oreille sont en quantité, les tous premiers accidents de plongées. Ce sont les tout premiers accidents du plongeur débutant et ce sont aussi les accidents typiques en école de plongée, particulièrement aux stages niveau 4, avec leurs nombreuses "descentes dans le bleu" et autres plongées "ascenseurs".


Mécanisme

Au cour d'une descente, si le plongeur n'équilibre pas ses oreilles à temps la pression de l'eau à l'extérieur du tympan, n'est pas compensé par la pression de l'air dans l'oreille moyenne. Inversement à la suite d'une manoeuvre de compensation mal placée (remontée en particulier)ou trop brutale, c'est l'air dans l'oreille moyenne qui peut se retrouver en surpression par rapport à l'eau. Dans ces cas, la différence de pression peut dépasser le maximum supportable par l'oreille et léser l'un de ses éléments.

Les barotraumatismes son fréquemment appelés "otites barotraumatiques". C'est une appellation impropre et trompeuse : l'otite suppose un mécanisme infectieux, dans notre cas les lésions sont d'origine purement mécanique. En caricaturant, il y a la même différence entre un barotraumatisme et une otite qu'entre un coup poing sur le nez et un rhume. Notons quand même que naturellement un barotraumatisme peut s'infecter.


6.1/ barotraumatismes de l'oreille moyenne/atteintes du tympan


Le tympan est le premier élément à subir les atteintes de la pression et de l'eau, il est donc très concerné par les barotraumatismes.

Symptômes

Selon la gravité des lésions, les symptômes peuvent aller de la simple gène avec sensation d'oreille "bouché" ou "d'eau dans l'oreille" jusqu'à la douleurs profonde, en passant par une baisse de l'audition.

L'apparition des symptômes n'est pas nécessairement immédiate, le délai peut atteindre quelques jours, le temps pour inflammation de s'installer.
Il y a également des symptômes visibles en observant le tympan à l'otoscope. On distingue classiquement 5 stades à otite barotraumatique externe :

  • Rougeur du manche du marteau : on distingue une tache rouge sur le tympan, correspondant à l'emplacement du marteau.
  • Tympan rétracté (fripé) et totalement rouge.
  • Infection caractérisée. On distingue un liquide (signe d'oedème) baignant la caisse du tympan : le tympan semble plus sombre dans sa partie inférieure.
  • Epanchement de sang derrière le tympan, qui rempli la caisse. Le tympan est rouge et bombé par le sang.
  • Perforation du tympan. Trou plus ou moins visible qui peut être confirmé par l'observation du tympan au cour d'une manoeuvre de Valsalva.

  • Cette classification est due à Messieurs Haines et Harris de l'US NAVY, elle concerne plutôt le médecin O.R.L. spécialiste. On peut se demander ce que le plongeur va en faire et pourquoi elle figure dans les trois quarts des cours, depuis que le bon docteur Méliet la décrite dans son ouvrage.

    En fait, l'exercice illégal de la médecine et le "diagnostic" par un copain sont assez classiques en plongée sportive, les raisons en sont diverses : pas de médecin sur les lieux, méfiance vis à vis du médecin qui risque de prescrire l'arrêt temporaire de la plongée, obligation "absolue" de continuer à plonger (examen, encadrement)... Si cette situation est souvent celle qui prévaut en pratique, c'est loin d'être un idéal. En effet, comme un train qui peut en cacher un autre, le barotraumatisme du tympan peut masquer des dégâts plus sérieux à l'oreille interne.

    Dans le même genre, un barotraumatisme du tympan peut s'infecter et cette infection se transmettre à l'oreille interne, avec des conséquences beaucoup plus graves.


    Attention donc aux diagnostics "maison" et à l'automédication. En particulier on peut indiquer les cas suivants qui commandent impérativement d'aller voir un O.R.L. dans les plus brefs délais :

  • Douleurs au delà de simple gène.
  • Symptômes marqués du stade 1 ou du stade 2.
  • Soupçon d'atteintes labyrinthique (voir plus loin).
  • Pas de régression rapide : 1 jour maximum pour ressentir une amélioration très nette.
  • Troubles sans symptômes net sur le tympan (signe que l'atteinte se trouve au niveau de l'oreille moyenne ou interne).

  • traitement

    Après le couplet précédent, vous devriez avoir compris que le seul traitement raisonnable consiste en une consultation O.R.L. Néanmoins la réalité étant ce qu'elle dans les cas les plus bénins, le plongeur pourra utiliser les trucs suivants :


  • Se tenir au chaud, en particulier au niveau de oreilles. Bonnet, bottes et ciré
  • sont la sainte trinité du plongeur qui veut durer.
  • Utilisation sur une durée brève de l'Otipax (anti-inflammatoire)
  • Aspegic 500
  • Traitement de la cause du barotraumatisme : rhume, bouchon de cérumen...
  • Dans tous les cas un arrêt de la plongée de 1 à 2 jours est le minimum raisonnablement prudent.

  • La non régression des symptômes dans les deux jours devrait pousser à arrêter les bêtises.
    Il faut bien se dire que si beaucoup de plongeurs sont un peu (beaucoup) sourd, c'est à des barotraumatismes mal soignés qu'ils le doivent.

    6.2/ Atteinte de l'oreille interne


    La chaîne des osselet transmet la pression de l'eau à la fenêtre ovale, puis l'endolymphe la transmet à la fenêtre ronde. Si la cavité de l'oreille moyenne n'est pas en équipression avec l'eau la platine de l'étrier va s'enfoncer dans la fenêtre ovale. Cela peut aller jusqu'à la foulure du ligament de liaison (entorse stapédo-vestibulaire), ou à la rupture de la membrane fermant la fenêtre ronde. Ce mécanisme d'accident se produit souvent chez le plongeur entraîné ou l'apnéiste, habitué à descendre rapidement. Il est favorisé par un tympan "en béton", endurci par des années d'équilibration virile.


    Symptômes

    Ce sont les symptômes généraux des atteintes de l'oreille interne :

  • Acouphènes (sifflements bourdonnement)
  • Vertiges, nausées
  • Nystagmus (battement horizontaux des globes oculaires : le regard "part"
  • brutalement, puis revient lentement à la position normale)
  • Surdité, de partielle à complète.

  • Ces symptômes peuvent survenir au cour de la plongée, à la montée ou à la descente, ou plusieurs heures après la sortie de l'eau. Ils peuvent être fugitifs ou permanents.


    Traitement/CAT

    C'est le traitement standard des accidents de plongées :

  • Oxygène
  • Aspirine
  • Eau

  • La suite du traitement est l'affaire du médecin spécialiste, il est très important de ne pas retarder la consultation d'un médecin de plongée.

    Il faut absolument noter que le traitement de l'accident de décompression et l'atteinte barotraumatique de l'oreille interne sont tout à fait semblable. En cas d'atteinte de l'oreille interne, avec ou sans plongée, les médecins ne se posent pas de questions ils envoient au caisson, en oxygénothérapie hyperbare. Le plongeur n'a donc absolument pas à se préoccuper de diagnostic différentiel.


    Tous les médecins ayant eut à traiter ce type d'accident notent un délai excessif entre les symptômes et l'arrivée du plongeur au caisson. La "chaîne de décision" typique en plongée sportive est en effet la suivante : on sort de l'eau avec une "oreille qui siffle" ou avec la tête qui "tourne un peu", on attend 2, 3 jours que "ça passe", au bout de trois jours, "ça ne passe pas" et on va chez O.R.L. du coin, celui ci passe un coup d'otoscope, prescrit des gouttes diverses et on attend 2, 3 jours de plus. Parfois les symptômes visibles régressent mais on garde quand même un surdité partielle, parfois, à la fin des fins on se décide à consulter un spécialiste qui ne peut que constater les dégâts et prescrire 3 ou 4 séances oxygénothérapie hyperbare pour tenter de rattraper le coup. En général il y a des séquelles irrécupérables.

    Pour éviter les séquelles il faut absolument réduire ces délais : consultations rapides dans un service O.R.L., dans un hôpital ayant l'expérience des accidents de plongées et "grand jeu" pour le diagnostic (examen O.R.L. complet, audiométrie, examen vestibulaire...). Certains des O.R.L. libéraux ne sont ni correctement informés ni correctement équipés pour un diagnostic valable, ils n'ont de toute façon pas le matériel thérapeutique nécessaire (caisson).



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