Accident de décompression

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Conduite à tenir

9/ Préventions


Nous rappelons les classiques :

  • Respect des tables
  • Paliers
    Vitesse de remontée
    Une seule successive

  • Ne pas plonger si l'on présente ou si l'on accumule les facteurs favorisants.

  • Néanmoins cela ne suffit pas :

  • Se promettre de respecter les paliers, cela ne veut rien dire si l'on ne gère pas son autonomie et que l'on se retrouve en panne d'air.

  • Se promettre de respecter la vitesse de remontée, cela ne veut rien dire si l'on se fait un essoufflement qui provoque une remontée d'urgence...

  • Se promettre de ne pas plonger fatigué, cela n'a pas de sens, dans la réalité, les bonnes résolutions ne tiennent pas :
  • - Quand vous avez investi toutes vos vacances et une bonne somme d'argent dans un stage, le jour de l'examen vous plongerez que vous soyez crevé, malade, ou subclaquant.

    - Si les moniteurs ne plongeait pas les lendemains de fête, ça se saurait : la plupart des clubs auraient des problèmes d'encadrement.

    Dans la pratique les préventions de l'accident de décompression reposent sur quatre points principaux :

  • Organisation de la plongée.
  • Conduite d'une bonne décompression.
  • Organisation de la vie autour de la plongée
  • Bonne connaissance des facteurs favorisants et adaptation des profils de plongée et de décompression.

  • 9.1/ Organisation de la plongée


    Qualité du profil

    Souvenez vous de la figure 11, plus vous couvrez une grande part de la cocarde plus vous aggraver les risques. Cette figure n'a pas de prétention scientifique mais si vous couvrez 2 ou 4 quartiers il est certain que votre plongée sera dangereuse. On peut faire des plongées dont l'un des paramètres est mauvais, mais dans ce cas tous les autres doivent être réduits au maximum.


    Le classement des profils montant/descendant vaut pour une plongée comme pour deux : la plongée la plus profonde se fait impérativement en premier, même s'il semble astucieux (calcul de majoration) de faire l'inverse.


    Respect de l'autonomie.

    La grosse majorité des cas de non respect de paliers tient à une gestion de l'autonomie aberrante. En petite profondeur les erreurs pardonnent encore un peu, par contre dès que la profondeur devient importante, deux phénomènes vont se coupler et faire que tout problème coûtera très cher. D'un coté votre réserve d'air diminue très vite, de l'autre côté votre temps de palier augmente très vite.


    Quelques exemples pour illustrer :

    Vous plongez à deux, avec chacun un 12 l à 200 bar et un manomètre. Votre ventilation est supposée être de 20 l/min

    Vous vous programmez une plongée de 15 min à 50 m.
    Les paliers prèvus sont : 2 min à 6 m et 9 min à 3 m, la remontée dure 3 min, il vous faut 508 l.bar pour la remontée complète.

    A 50 m vous consommez 120 l.bar par minute, au bout de 15 min votre bouteille contient encore 600 l.bar (le mano marque 50 bar, l'entrée de la zone rouge), il vous reste une petite marge.


    Vous commencez votre remontée à l'heure mais après avoir quitté le fond, votre attention est perturbée par un incident, vous quittez votre profondimètre des yeux, vous relachez votre palmage. Au bout de 1 min vous réalisez que votre remontée est anormale. La minute d'erreur à 50 m vous ont consommé 120 l.bar, vos paliers sont devenus 4 min à 6 m et 22 min à 3 m, il vous faut maintenant 910 l.bar d'air pour la remontée et les paliers. Vous êtes dans une assez mauvaise situation...


    Vous avez retenu la leçon précédente, vous plongez à 50 m mais vous décidez de remonter au bout de 13 min pour avoir de la marge en air et en temps de plongée.


    Très prudent, au bout de 12 minutes vous faites signe à votre camarade qu'il va être temps de remonter. En vous retournant vous cognez votre robinetterie contre un rocher, le joint torique sort de son logement, votre bloc se vide. Il vous reste 960 l.bar pour faire tous les deux votre remontée et vos paliers (en supposant que vous ne perdiez pas de temps). Comme vous avez besoin de 508 l.bar chacun encore une fois vous êtes assez mal partis.


    Nous en sommes resté volontairement à des exemples pas trop extrêmes : une petite faute, une panne d'air, une profondeur pas extraordinaire. On pourrait multiplier ces exemples, pour en tirer les leçons suivantes :


  • Il est dangereux de se rapprocher de la limite d'autonomie, il faut se garder une marge : vous devez calculer l'autonomie de façon à pouvoir faire une plongée plus longue de 5 min et plus profonde de 5 m.

  • Une plongée profonde (à partir de la zone des 40 m) doit se programmer : matériel adapté, prévision du temps à passer au fond, de la profondeur, matériel de sécurité... La plongée dans l'espace lointain exige un matériel sérieux et surtout une vigilance et un entraînement sans faille.

  • Les plongées profondes se font "sur le fil du rasoir" : malgré toutes les précautions du monde, en profondeur on est très vite proche de la limite d'autonomie.

  • Limites d'emploi des tables

    Il est impératif de rester strictement dans les limites d'utilisation des tables. Néanmoins il est bon de connaître quelques astuces pour limiter les dégâts si vous vous trouvez accidentellement en dehors de ce domaine :


  • Si vous avez travaillé arrêtez tout effort 3 minutes avant la remontée, remontez à un vitesse plus faible que celle préconisée (10 m/min par exemple). Incluez le temps de remontée dans le temps de plongée et suivez une désaturation plus longue que celle normalement prévue (ligne de temps immédiatement supérieure par exemple).

  • En cas d'essoufflement allongez votre décompression de la même façon

  • Ne faites pas de plongée à paliers si vous commencez à ressentir le froid (attention aux profondes les paliers arrivent très vite, beaucoup plus vite que la sensation de froid).

  • Attention ces astuces ne sont que des astuces, elles peuvent rendre service de temps en temps, pour limiter les dégâts si vous avez fait des erreurs, pas servir à des bricolages systématiques. En particulier il existe des tables de travail et elles doivent servir.


    Conduite d'une décompression correcte

  • Respecter la vitesse de remontée, même au fond, ralentir nettement à l'approche de la zone des 10 m. Visez systématiquement le bas de la fourchette conseillée plutôt 12 à 15 m/min que 17 à 20.

  • Respecter les paliers profonds, même s'ils sont courts.

  • Remonter lentement de palier en palier surtout pour les derniers
  • paliers : 1 minute pour les 3 derniers mètres.

  • Faire un exercice léger au palier : nage paisible, brasse pour mobiliser les bras.

  • Desserrez les sangles de vos appareils (montre, profondimètre) pour éviter de couper la circulation.

  • Pas d'effort à la remontée, pas de manoeuvre créant une hyperpression pulmonaire (valsalva, gonflage de bouée, apnée tonique style haltérophile)

  • Faire les paliers en position verticale.
  • La croyance qui veut que faire ses paliers à l'horizontale soit meilleur, ne repose sur rien sinon sur une lecture primitive du modèle de Haldane. Nous rappelons que la désaturation est un phénomène à plusieurs étages : diffusion en phase dissoute dans l'étape tissulaire, dissolution gaz liquide à l'étape alvéolo-capillaire. Dans vos orteils c'est la diffusion en phase dissoute qui prime, or la diffusion en phase dissoute est un phénomène totalement indépendant de la pression absolue.

    L'idée de faire les paliers à l'horizontale pour que les orteils soient soumis à la même pression hydrostatique que les oreilles n'a pas de sens. D'un point de vue pratique l'influence de la position a été étudiée et les expériences ont montré que pour un désaturation dans l'eau la position verticale était la meilleure (peut être par-ce qu'elle provoque une légére depression à l'inspiration).


    9.2/ Organisation de la vie


    Repos
    Un séjour de plongée doit être organisée pour ne pas créer des conditions de décompression aberrantes.

  • Intervalle le plus grand possible entre les 2 plongées de la journée.

  • Eviter les exercices physiques en sortie de plongée. Une nage (ou un gros déplacement fatigant) s'organise avant la plongée du matin pas en sortie de celle ci.

  • Pas de cumul dans la même journée de toutes les désaturations "sévères".

  • Pour une semaine de plongée à 2 plongées par jour, il faut au moins une journée de réadaption et une journée peu saturante : site limité en profondeur, exercice de mannequin, d'apnée et théorie en début d'examen 2éme échelon...

  • Quantité de sommeil correcte.

  • Attention à certain mode de vie : quand on se couche très tard, on dort peu et on se lève tard. La plongée du matin est donc tardive et l'intervalle avec celle de l'après midi est faible. Si en plus on fait des profondes ou trois plongées par jour (2 pour le club, une pour le plaisir ...) on commence à cumuler les risques.


    Alimentation

  • Repas compensant largement les pertes thermiques sans être excessivement lourd.

  • Pas d'excès d'alcool (L'alcool augmente la production de bulles, cela à été mesuré en caisson).

  • Respect du temps de digestion.

  • Réhydratation

    En sortie de plongée on est forcement déshydraté (vasoconstriction, respiration d'air froid et sec ...), il faut impérativement se réhydrater pour rétablir une circulation normale.

    On peut ajouter que la réhydration est fondamentale pour l'efficacité de l'entraînement et la résistance de l'organisme à toutes les agression de la plongée (barotraumatismes de l'oreille entre autres).


    9.3/ Adaptation des profils de plongée


    La décompression est un phénomène essentiellement biologique : elle est personnelle à chaque plongeur. Il faut tenir compte de ses antécédents médicaux, de ses activités de la veille, estimer son état de santé et de fatigue et adapter ses plongées. Même si vous vous sentez obligé de plonger, vous n'êtes pas forcé d'aller profond, ni d'y rester longtemps.

    Se placer sur l'échelle des facteurs de risque est délicat, l'estimation de la fatigue, par exemple, est quelque chose de largement subjectif. Néanmoins on peut dire que si vous commencez à accumuler de 2 ou 3 facteurs favorisants et que vous comptez quand même faire une plongée "sévère" (voir Figure 11), vous allez au devant de risques sérieux.


    Tout cela veut-il dire que que l'on est interdit de plongée quand on a passé la quarantaine ou que l'on pèse 3 Kg de trop ?

    Certainement pas mais les plongeurs qui savent qu'ils présentent un ouplusieurs facteurs favorisants doivent estimer le risque et adapter le profil de leurs plongées :


  • Quand on sort d'une nuit en car avec un groupe de plongeurs "de l'intérieur" pour la première sortie de la saison une profonde n'est pas ce qu'il y a de mieux à faire : une "plongée de réadaptation", "dans la courbe" est un peu plus indiquée.

  • Quand on est très fatigué ou plus tout jeune, il vaut mieux limiter ses plongées à des profils qui donnent des décompressions raisonnables (pas au delà de 40 ou pas de plongée exigeant un palier à 6 m par exemple) et faire des paliers un peu plus longs que ceux que les tables préconisent (paliers du temps immédiatement supérieur par exemple).


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