Les intoxications

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Conclusion

6/ Intoxication par le CO et le CO2

Il est d'usage de distinguer l'intoxication par le CO (monoxyde de carbone) et par le CO2. Pour nous, cette distinction n'a pas lieu d'être :

L'extrême gravité de l'intoxication par le CO, l'impossibilité de distinguer d'une manière fiable, impose de traiter toute intoxication comme si c'était le cas le plus grave.
Par la suite, nous distinguerons les deux intoxications uniquement pour expliquer leurs mécanismes.

6.1/ Intoxication par le CO2

Le CO2 est le principal excitant du système ventilatoire. Sa présence, à des taux trop élevés, dérègle la ventilation. C'est aussi un gaz dense jouant un rôle narcosant important.
On trouvera des effets rappelant l'essoufflement et d'autres la narcose.

L'intoxication au CO2 a des effets fortement liés à pression donc à la profondeur.

On présente ci dessous les effets de la respiration d'un air contenant 1% de CO2 à différentes profondeurs.

Profondeur PpCO2 Effets
surface 0,01 b rien
10 m 0,02 b léger essoufflement,maux de tête
20 m 0,03 b essoufflement net, maux de tête, vertige, narcose
30 m 0,04 b essoufflement important, nausée, vertige, narcose intense, délire
40 m 0,05 b essoufflement massif, délire, perte de conscience, mort...

Comme pour tous les chiffres liés à la physiologie, il ne faut pas s'attarder aux valeurs absolues.
Par contre, il faut noter que l'air pollué par 1 % de CO2 est parfaitement respirable en surface. Cette pollution n'alarmera donc pas le gonfleur ni les plongeurs en début d'immersion mais provoquera des narcoses et des essoufflements graves dès 20 - 25 m.

6.2/ Intoxication par le CO

L'intoxication par le CO est grave, généralement mortelle ou laissant un handicap mental sévère. C'est une intoxication du sang qui bloque l'oxygénation du cerveau.

Son mécanisme est simple :

  1. Le CO se fixe sur l'hémoglobine formant une molécule stable.
  2. L'oxygène n'est plus transporté.
  3. Le cerveau privé d'oxygène meurt ou subit des lésions souvent définitives.

L'intoxication par le CO présente deux particularités par rapport à l'intoxication au CO2 :

6.3/ Symptômes de l'intoxication par le CO et le CO2

Les symptômes sont communs et le diagnostic différentiel n'est pas réalisable à notre niveau. D'autre part, l'extrême gravité de l'intoxication au CO, son évolution mortelle potentielle, impose de traiter toute suspition d'intoxication comme le cas le plus grave possible.

Un autre signe indiquant une probable intoxication est la présence de symptômes collectifs. Les plongeurs ayant respiré le même air, il y a plusieurs personnes atteintes.

On retiendra les idées suivantes :

6.4/ Causes de l'intoxication par le CO et le CO2

Le CO et le CO2 sont presque toujours présents ensemble car ils ont des origines communes. Les deux sources pour le CO et le CO2 sont :

  1. Les combustions (moteurs thermiques, feux, poêlle...).
  2. L'oxydation de l'huile du compresseur.

La deuxième cause est moins facile à comprendre : l'huile du compresseur est formée essentiellement de carbone (et d'hydrogène). Sous l'effet des hautes pressions partielles d'O2 régnant dans le compresseur, cette huile peut s'oxyder (brûler). Elle dégage du CO et du CO2 directement dans les cylindres et pollue l'air comprimé.
Le mauvais choix de l'huile, le mauvais refroidissement du compresseur, amène la fabrication de CO et de CO2 par le compresseur lui même.

L'entretien du compresseur et sa ``conduite'' sont les causes essentielles des intoxications en plongée.
Il faut absolument garder en mémoire que les filtres (charbon actif, silicagel, tamis moléculaire...) n'ont aucun effet ou presque sur le CO et le CO2.
Le CO et le CO2. n'ont aucune odeur ni aucun goût. La mauvaise qualité d'un air ne se détecte pas.

6.5/ Préventions de l'intoxication par le CO et le CO2

La prévention des intoxications est de la responsabilité du gonfleur et des techniciens de la station de gonflage.

Il y a trois points critiques à surveiller :

  1. La prise d'air
  2. L'huile
  3. le refroidissement

6.5.1/ prise d'air

Tout polluant absorbé par la prise d'air sera intégralement inclu dans l'air respiré : les filtres du compresseur agissent sur les vapeurs d'huile et absolument pas sur les autres gaz. On se souviendra aussi que l'analyse de l'air ne fournit que des informations sur un moment donné, si des véhicules font tourner leur moteur devant le local de gonflage, l'effet est par contre immédiat.
Le gonfleur ne doit pas imaginer qu'il y a d'autre protection que sa vigilance.

Il portera une attention constante aux points suivants :

6.5.2/ huile

L'huile utilisée pour les compresseurs doit répondre à trois critères :

Les huiles moteurs classiques se décomposent au contact de l'air haute pression et sont fortement toxiques. L'huile pour compresseur est une huile minérale de qualité particulière (obtenue par distillation ou cracking du pétrole) ou de plus en plus souvent une huile de synthèse (molécule construite à partir de ses composants élémentaires). Contrairement à ce qui se dit souvent, les huiles végétales ne sont pas utilisées.
On ne peut pas parler d'huile alimentaire mais d'huile à faible toxicité. De plus, il faut rappeler qu'un produit alimentaire peut être absorbé au niveau de l'estomac, mais pas au niveau des poumons.
Les contraintes supportées par l'huile sont importantes et spécifiques à chaque machine. Paradoxalement, un gros compresseur sollicite moins d'huile qu'un petit.

Tout échange d'huile est donc proscrit (sauf avis du fabricant du compresseur).

On retiendra :

D'autres précautions sont utiles dans l'organisation et le rangement de la station de gonflage :

6.5.3/ refroidissement du compresseur

Il faut veiller sur les points suivants pour les compresseurs refroidis par air :

Sur les compresseurs refroidis par eau, il faut :

6.6/ conduite à tenir en cas d'intoxication par le CO et le CO2

Il n'existe pas de petite intoxication.
On soupçonnera toujours à priori le risque d'une atteinte par le CO. Dans ce cas, la baisse de l'irrigation sanguine due à la fatigue ou à l'endormissement peut faire tomber l'oxygénation du cerveau en dessous des besoins de survie.
Une personne peut partir se coucher avec des maux de têtes et mourrir pendant son sommeil.

On cherchera à :

  1. Prévenir une évolution négative chez les personnes atteintes.
  2. Détecter toutes les personnes atteintes.
  3. Eviter d'autres intoxications.

En pratique il faudra organiser les trois volets suivants :

6.6.1/ Traiter rapidement les victimes repérées.

6.6.2/ Enquêter pour répérer toutes les victimes.

6.6.3/ Prendre des mesures de précaution pour éviter d'autres victimes.


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